Etude clinique : Accidents vasculaires cérébraux en réanimation : comprendre pour mieux sauver (2025)
Introduction : Les accidents vasculaires cérébraux (AVC) constituent une cause majeure de morbidité et de mortalité. Identifier leurs caractéristiques et leur impact pronostique représente un enjeu clinique et organisationnel important.
Objectifs : Décrire les caractéristiques cliniques, biologiques, radiologiques et évolutives des patients admis ou développant un AVC en réanimation, et analyser les facteurs pronostiques influençant leur devenir au sein du service.
Méthode : Il s’agissait d’une étude observationnelle rétrospective monocentrique menée au service de réanimation médicale de l’hôpital de Zaghouan sur une période de six ans (du 2019 au 31 septembre 2025). Ont été inclus tous les patients adultes admis pour un accident vasculaire cérébral, qu’il s’agisse du motif d’admission initial ou d’une complication survenue en cours d’hospitalisation. Les données démographiques, cliniques, thérapeutiques, d’imagerie, ainsi que les scores de gravité (IGS II, APACHE II, NIHSS, Glasgow), les complications neurologiques, la gestion ventilatoire et le devenir des patients ont été recueillis et analysés de manière descriptive.
Résultats : Vingt-huit patients ont été inclus. L’âge médian était de 64 ans[22–84] avec un genre-ratio de3. Les comorbidités les plus fréquentes étaient l’hypertension artérielle (42,9%), l’obésité(25%), le diabète(17,9%) et les troubles de rythme(14,3%). Le tabagisme concernait 46% des patients. Avant l’épisode d’AVC, 28,5% recevaient une anticoagulation et 14,3% un traitement antiagrégant plaquettaire. L’AVC était le motif d’admission dans 64,3% des cas et une complication acquise en réanimation dans 35,7%. Il était de type ischémique dans 57,1% des cas et hémorragique dans 42,9%, dont un cas post-thrombolyse. Le NIHSS médian était de 35[10–35] et l’IGS II moyen de 35 ±16. Au moment du diagnostic, 50% des patients étaient dans un coma profond, score de Glasgow moyen était de 9 ±4,36% présentaient des signes déficitaires et un patient avait convulsé. La pression artérielle systolique moyenne était de 132 ±35 mmHg. Un état de choc a été observé chez 11% avec recours aux catécholamines, tandis que 18% ont nécessité un traitement antihypertenseur. Le diagnostic a été confirmé par TDM dans 89,3% et par IRM dans 28,6%. Les localisations étaient le tronc cérébral (25%), les hémisphères (21,4%), la région frontale (17,9%) et le cervelet (10,7%). Les complications neurologiques majeures comprenaient un engagement (21,4%), une hémorragie méningée (17,9%) et un œdème cérébral (14,3%). La ventilation mécanique était nécessaire chez 85,7% (dont trois trachéotomies ultérieurement). La durée médiane d’hospitalisation était de 4,5 jours. Seuls 14,3% ont survécu, avec séquelles chez 7%. Les décès étaient liés aux dysautonomies(50%), au SDMV(21%) et à l’encéphalopathie anoxique (29%).
Conclusion : Les AVC en réanimation présentent une mortalité élevée et un pronostic souvent défavorable. Leur survenue touche majoritairement des patients comorbides et sévères. Une prise en charge précoce et un contrôle rigoureux des fonctions vitales pourraient améliorer l’évolution et limiter les séquelles.